
La cérémonie du thé au Japon est un art traditionnel profondément ancré dans la culture du pays. Inspiré par la philosophie du bouddhisme zen. Elle se base sur des principes qui constituent l’essence de la culture japonaise : le raffinement, la simplicité, l’équilibre et l’harmonie.
Au Japon, une philosophie et discipline s’est développée autour du thé : le "Chado" (la voie du thé). Plus qu’un rituel codifié, il s’agit d’une véritable manière de penser, en symbiose avec la philosophie zen japonaise. La cérémonie du thé fait, en effet, partie d’un ensemble d’arts esthétiques (comme la composition florale appelée "ikebana", la calligraphie…) permettant l’accomplissement de soi.
Ses origines
La cérémonie du thé se dit "chanoyu" en Japonais, littéralement "eau chaude pour le thé".
Pour comprendre les origines de cette cérémonie, il faut tout d’abord remonter à l’introduction des feuilles de thé au IVème siècle par les moines chinois. Ce n'est qu'après, que le thé commence à être cultivé au Japon même. Il est d’abord réservé aux moines bouddhistes qui l’utilisent à des fins médicinales puis il est adopté par les nobles et les samouraïs. Le thé est considéré comme une denrée rare et précieuse. Il faut attendre le XVIème siècle pour que sa consommation se généralise à toutes les strates de la société, notamment grâce au maître de thé Sen No Rikyū, qui amène le principe du "wabi-cha", "wabi" étant la simplicité élégante et "cha", le thé. Cette vision rend la préparation du matcha plus facile, la démystifie, même si le thé reste cher.
Qu’en est-il du matcha ? C’est le moine Eisai (1141-1215) qui aurait introduit la pratique de boire le thé sous forme de poudre au Japon. Il est ainsi utilisé par les moines bouddhistes zen pour leur permettre notamment de rester bien éveillés et concentrés pendant leurs longues heures de médiation. Le thé, en particulier sous forme de poudre, est, dès son introduction au Japon, très lié à la philosophie du zen et occupe une place importante.
L’établissement de la cérémonie du thé japonaise
La cérémonie du thé a été instaurée par trois moines. C’est tout d’abord le moine bouddhiste Murata Shuko (1422-1503) qui fait officiellement le rapprochement entre la dégustation du thé et la méditation. Il développe cette cérémonie selon l’esprit et la vision japonaise : les ustensiles d’origine chinoise qui étaient richement décorés sont remplacés par plus de simplicité. Comme nous l'évoquions précédemment, on parle de "wabi" au japon, la "simplicité élégante".Son travail est poursuivi par le moine Takeno (1504-1577) puis par le moine Sen No Rikyu (1522-15991). Ce dernier pose les bases de la cérémonie telle que nous la connaissons actuellement, et rédige ses quatre grands principes : Wa (harmonie), Kei (respect), Sei (pureté) et Jaku (sérénité).
Wa signifie l’harmonie, la paix, l’unité. C’est l’aptitude à établir l’ordre et la paix en soi et dans sa relation au monde.
Sei désigne la pureté. Elle est l’essence de l'entraînement au Chadô, “la voie du thé”, la discipline au quotidien. C’est aussi la capacité de se traiter et de traiter les autres avec un cœur ouvert.
Kei signifie le respect, l’honneur, la vénération mais aussi la distanciation. Ceci est lié à la compréhension d’autrui à travers la cérémonie. Chacun est l'égal de l'autre. Les hiérarchies sociales sont suspendues.
Jaku signifie silencieux, doux, immobile : “juste tranquille”. La sérénité mène à la capacité d’une perception non égocentrique de soi-même.
À l’origine masculine, cet art se féminise sous l’ère meiji (1868-1912). Il figure alors dans le cursus scolaire des jeunes filles et dans l’apprentissage des geishas. La cérémonie du thé au Japon est aujourd’hui beaucoup plus pratiquée par les femmes que par les hommes.
Les 7 règles de la voie du thé
"Prépare un délicieux bol de thé
Dépose le charbon de bois pour qu’il puisse chauffer l’eau
Arrange les fleurs comme elles sont dans les champs
Évoque la fraîcheur en été, la chaleur en hiver
Devance en chaque chose le temps
Prépare-toi à la pluie même s’il ne pleut pas
Porte la plus grande attention à chacun de tes invités"
Le lien avec la spiritualité
Rien n’est laissé au hasard. Chaque détail a son importance. Il ne faut surtout pas brûler les étapes. Chaque chose en son temps. Ainsi, la beauté de cet art vient aussi du soin apporté au lieu, aux ustensiles, aux gestes.
Cette succession de mouvements simples, rigoureux et exigeants est même étroitement liée aux arts martiaux. En effet, les maîtres enseignants les arts martiaux au Japon, conseillent à leurs élèves de pratiquer la cérémonie du thé.
Le déroulement d'une cérémonie du thé
Le matcha est le thé utilisé lors de la cérémonie. Il peut s’accompagner d’un repas léger ("kaiseki"), une collation légère, qui doit réjouir les yeux autant que le palais mais ne rassasie pas. Elle se termine généralement par des pâtisseries douces ("wagashi").

La cérémonie peut durer jusqu’à 4 heures. Il s’agit d’un rituel intime, qui ne réunit pas plus de cinq personnes en dehors de l’hôte. Les invités sont vêtus de kimonos traditionnels et apportent souvent un petit éventail ("sensu") et du papier traditionnel ("kaishi"). La conversation est réduite au minimum pendant la cérémonie.
La cérémonie se prépare des semaines à l’avance, le temps d’envoyer des invitations formelles et de laisser à chacun le temps de se préparer spirituellement à accueillir le moment.
L’hôte nettoie le pavillon, change les tatamis et lave les ustensiles qu’il aura au préalable choisis selon la saison. L’équipement ("dogu") se compose d’un bol ("chawan"), d’un fouet en bambou ("chasen"), d’une boite à thé ("cha’ire"), d’une cuillère ("chashaku"), d’un tissu en soie pour manipuler les éléments et d’un pot en fer ("kama") pour chauffer l’eau.
Avant de rentrer dans le pavillon, les invités laissent leurs pensées négatives à l’extérieur et se lavent les mains symboliquement pour se débarrasser des impuretés. Une fois invités à entrer par l’hôte, ils se saluent en inclinant la tête, laissent leurs chaussures à l’extérieur et viennent s’agenouiller sur les tatamis en posant leur éventail fermé devant eux, afin de délimiter leur espace.
L’hôte nettoie une nouvelle fois les différents ustensiles devant ses invités avec un tissu en soie, en faisant des gestes lents et harmonieux, pendant que l’eau chauffe. Il prélève ensuite la poudre de thé (environ trois cuillères de chashaku par invité) et ajoute un peu d’eau chaude. Il bat le tout dans un mouvement énergique pour créer une mousse crémeuse dont l’épaisseur et la hauteur doivent répondre à des exigences précises.
Une fois un mélange mousseux obtenu, il présente le bol à l’invité principal qui le prend à deux mains et le lève en direction de l’hôte en signe de respect. L’invité le contemple, le fait tourner puis prend une première gorgée. Il prend une deuxième puis une troisième gorgée, essuie le bord du bol avant de le passer à un autre invité qui reproduit les mêmes gestes jusqu’à arriver au dernier invité qui repasse ensuite le bol à l’hôte.
Deux façons de préparer le matcha : Koicha et Usucha
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